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Photo du rédacteurMarie-Claire Fortin

Parc national de la Mauricie

Je rêve ou c'est le paradis?


Le Québec regorge de zones de conservation avec environ 2 500 sites protégés, parmi lesquels on trouve notamment des réserves, des parcs, des habitats fauniques et des parcs marins. Ces aires protégées sont régies par 32 désignations juridiques ou administratives distinctes, placées sous la responsabilité de diverses entités gouvernementales, personnes morales ou individus (Source:https://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/aires_protegees/registre/index.htm)


Beaucoup de ces sites couvrent des territoires vastes où la nature s’épanouit librement, avec de grands lacs sauvages entourés d’épaisses forêts d’épinettes, parfaits pour des heures de nage en solitaire. Ainsi, pour ceux qui recherchent la nature sauvage au Québec, elle est bien là. Mais jusqu’où êtes-vous prêt à aller, et comment comptez-vous vous y rendre? 


Il n'est pas toujours évident de savoir si la baignade est autorisée dans les parcs gérés par la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq). Malgré mes demandes répétées auprès de divers parcs du Québec, je n'ai encore reçu aucune réponse officielle claire à ce sujet. Sur la page principale de la Sépaq, dans la section "Quoi faire," on trouve des informations sur les plages surveillées, accompagnées de l’interdiction de nager en dehors de ces zones désignées. La Sépaq décline toute responsabilité si l’on décide de profiter d’un plan d’eau en dehors de ces espaces surveillés, rappelant les risques de noyade.


Lac Bouchard, parc national de la Mauricie


Certes, la nage en eau libre comporte des risques qu’il ne faut pas minimiser, mais je considère que ces risques sont comparables à ceux d’autres activités nautiques comme la navigation, la pêche ou la planche à pagaie. J’ai d’ailleurs rencontré des adeptes de planche à pagaie qui ne savaient pas nager, s’aventurant pourtant sur l’eau avec pour seule protection leur veste de flottaison.


C'est pourquoi, lorsque j'ai planifié un voyage de trois jours de nage au parc national de la Mauricie — le seul parc national géré par Parcs Canada au Québec offrant un potentiel de baignade en plein air — j'ai été soulagée de constater que la baignade y était autorisée partout. Situé à seulement une heure au nord de Trois-Rivières, entre Montréal et Québec, le parc national de la Mauricie est facilement accessible et compte environ 150 lacs. J'indique "le seul parc fédéral à potentiel de nage" parce que les autres parcs fédéraux au Québec, le parc Forillon et la réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan, n'offrent pas cette même accessibilité pour la nage.


Le premier jour, j'ai rencontré Robert Villemure, notre ambassadeur de la Mauricie, et un groupe dynamique appelé Les Gigoteux, qui avait prévu une nage dans le lac Bouchard. À ma grande surprise, la plupart d'entre eux ne portaient pas de combinaison thermique, ce qui a semblé étrange à mes amies et moi, habituées à nager dans notre lac habituel avec des wetsuits. Rapidement, nous avons compris que chacun faisait ce qui lui convenait le mieux. L'âge moyen du groupe était d'environ 60 ans — j’aurai 50 ans cette année — et avec eux, j'ai ressenti un fort désir de continuer à nager aussi longtemps que possible. Ce groupe de gigoteux est véritablement inspirant!


Nous avons vécu une merveilleuse expérience de nage, et je me souviens encore des rires et des conversations lors de notre première pause de l'autre côté du lac alors que nous avons terminé la première partie de notre parcours triangulaire. Au fil du trajet, d'autres nageurs se sont joints à nous, heureux de partager ce moment avec le groupe, même s'ils n'avaient pas commencé la traversée avec nous.

Lac à la Pêche, parc national de la Mauricie

Photo : Lise Cormier


Le deuxième jour, nous avons nagé dans le lac à la Pêche. Bien que les personnes présentes dans le groupe étaient différentes, la joie et l’enthousiasme étaient les mêmes. Nous nous apprêtions à entreprendre une longue nage lorsque le soleil a disparu, et des nuages menaçants ont commencé à annoncer un orage imminent. Après avoir parcouru environ 800 mètres, nous avons dû décider de la marche à suivre. Le moyen le plus rapide de sortir de l’eau était de traverser le lac pour rejoindre notre point de départ. J’ai probablement nagé ces 800 mètres plus vite que lors de tout autre moment de l’été!

Lac à la Pêche, parc national de la Mauricie


C’était en juillet et les températures étaient torrides. La nage, notre seule activité prévue, offrait une échappatoire rafraîchissante. En plus de la chaleur, nous avons aussi dû composer avec les orages, notamment le troisième jour, lors de notre nage dans le lac Édouard. Ce lac est un lieu familial où les gens nagent, font du kayak, de la planche à pagaie ou se rassemblent simplement pour partager un repas et passer du bon temps en famille et entre amis dans les bois, près de la plage.

Lac Édouard, parc national de la Mauricie


Je prévois de retourner au parc national de la Mauricie, et je rêve déjà de nager dans l'un de ses lacs emblématiques, le lac Wapizagonke. Ce lac long de 15 km est idéal pour une exploration sur plusieurs jours. Je pense que je pourrais passer une vie à découvrir les nombreux lacs, cascades et rivières du parc, y compris la rivière Saint-Maurice, qui coule le long d'un côté du parc jusqu’au fleuve Saint-Laurent.


Lac Wapizagonke, parc national de la Mauricie


Le parc national de la Mauricie est un véritable paradis pour les amateurs de nage en eau libre. Son accessibilité, sa proximité et l’incroyable variété de ses plans d’eau en font un lieu d’évasion unique. Que l’on soit en quête de solitude dans des étendues sauvages ou de moments de partage avec d’autres passionnés, chaque lac peut offrir une expérience inoubliable. Ce parc est bien plus qu’une destination; c’est un lieu où la nage devient une façon d’explorer, de se reconnecter avec la nature et de savourer pleinement la richesse qu’elle a à nous offrir.



Marie-Claire Fortin

Fondatrice du site Nage en eau libre Québec, nageuse récréative et passionnée, elle souhaite aider les nageurs à trouver des sites où pratiquer la nage en eau libre en toute sécurité et que les propriétaires qui peuvent permettre des accès soient sensibilisés et embarquent dans le mouvement.

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