Apprendre à évaluer les risques
- Marie-Claire Fortin
- 30 juin
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juil.
La nage en eau libre est souvent perçue comme une activité à haut risque. Sans minimiser les dangers — qui peuvent être fatals — elle peut néanmoins être pratiquée de manière sécuritaire. Tout repose sur la prudence et la préparation.
Si vous choisissez de nager, il est de votre responsabilité de vous assurer que vous pouvez le faire en toute sécurité. Profiter pleinement de l’expérience de s’immerger dans la nature, en toute liberté, va de pair avec la responsabilité d’évaluer les risques.
Une fois les risques identifiés, il devient plus facile d’agir en conséquence et de prendre des décisions éclairées pour adapter votre pratique.

Ont participé à cette activité: Louise Séguin, Marie-Claire Fortin, Annie Lévesque, Valérie Dion, Ricardo Pan Neves, Renée Verlann, Sophie Forbes, Éléna Thibault, Sandra Beaulac et Josée Leary. Absentes sur la photo: Julie Fortin et Julie Brousseau.
Le 7 juin 2025, au Centre vacances du lac Simon, une dizaine de nageuses et nageurs se sont réunis — débutant·es comme expérimenté·es — tous et toutes enthousiastes de commencer leur saison, ou de la poursuivre pour les plus téméraires qui nagent tout l’hiver.
Nous avons nagé, partagé, ri, et enfin échangé sur les risques liés à la pratique de la nage en eau libre. Ensemble, nous avons dressé une liste de nombreux risques, que nous avons ensuite regroupés par grandes catégories.
Cinq catégories se sont dégagées de notre réflexion:
Moi
Les autres
L’élément
Les conditions
Le territoire
Chaque catégorie invite à des réflexions. Pour ne rien oublier, nous proposons une approche en cercles concentriques: partir de soi-même, élargir vers les autres, puis vers l’élément (l’eau), les conditions environnementales, et enfin, le territoire dans lequel on s'apprête à nager.

Évaluation des risques @Nage en eau libre Québec
C’est ce que nous appelons l’évaluation des risques. Et pour évaluer les risques, il faut d’abord les identifier.
Une fois les risques identifiés, pensez à des mesures de prévention avant de nager, et à des mesures de mitigation pendant la nage. Elles peuvent faire toute la différence.
Ce que nous présentons ici n’est qu’un survol des risques identifiés — et surtout, il s’agit de risques propres aux milieux d’eau douce du Québec.

Moi
Que vous soyez débutant·e ou expérimenté·e, nous sommes toutes et tous égaux devant le principal risque de la nage en eau libre: la noyade. Ce risque fatal peut découler de nombreux malaises physiques ou mentaux: crampes, nausées, étourdissements, déshydratation, hypothermie, épuisement, panique, anxiété...
C’est pourquoi la toute première étape de l’évaluation des risques consiste à vous autoévaluer.
Voici quelques questions essentielles à vous poser:
Est-ce que je me sens suffisamment en forme pour effectuer cette nage?
Est-ce que je ressens de la fatigue, une douleur ou une blessure?
Est-ce que je suis sous l’effet de médicaments, de drogues ou de l’alcool?
Est-ce que j’ai bien mangé et suffisamment bu pour soutenir l’effort?
À l’inverse, ai-je trop mangé pour me sentir à l’aise dans l’eau?
Est-ce que j’aurai besoin de boire ou manger pendant ma nage?
Est-ce que je suis préparé·e à gérer ma récupération après l’effort?
Ai-je déjà nagé cette distance? En piscine? En eau libre?
Est-ce que je me sens poussé·e par la pression d’un groupe ou d’un·e ami·e?
Est-ce que je me considère comme un·e nageur·euse compétent·e pour ce type de parcours?
Savoir s’écouter
La fatigue, une blessure, le stress ou un simple manque de préparation peuvent compromettre votre sécurité. Certaines nages, même très attendues, devront parfois être reportées. Peut-être parce que l’excitation s’est transformée en anxiété, ou parce que vous sentez au fond de vous que ce n’est pas le bon moment. Il faut vous écouter!
Dire non à une nage rêvée aujourd’hui, c’est aussi se donner la chance de mieux la vivre demain. S’écouter, c’est nager avec lucidité, dans le respect de soi.
Ce premier volet de l’évaluation des risques se concentre uniquement sur vous. L’eau, les conditions, et les autres éléments extérieurs viendront plus tard.
Savoir nager
On peut croire qu’on sait nager parce qu’on a appris jeune ou qu’on se baigne quelques fois par été au chalet. C'est un parfait début mais comprenez que la nage en eau libre demande un tout autre niveau d’endurance, d’aisance et de préparation.
Personnellement, je peux nager 2,5 km par entraînement en piscine durant l'hiver et pourtant, chaque printemps, lors de mon retour en eau libre, je peine à faire 100 mètres sans devoir m’arrêter pour reprendre mon souffle. Ce choc, ce réajustement, peut varier d’une personne à l’autre, mais il est bien réel.
Dans ce contexte, l’égo n’a pas sa place au bord de l’eau, ni l’esprit de défi. Ce n’est pas le moment de prouver quoi que ce soit. C’est le moment d’être honnête avec vous-même.
Mais avant tout, posez-vous cette question: "Ai-je, en toute honnêteté, la capacité physique et mentale d’entreprendre cette nage?"
Avant et pendant
Nagez accompagné·e autant que possible. Même un·e nageur·euse expérimenté·e peut faire un malaise inattendu.
Si vous nagez seul·e, longez le bord de façon à pouvoir reprendre pied facilement.
Observez votre état avant chaque sortie: soyez honnête avec vous-même.
Commencez par de courtes distances, même si vous êtes à l’aise en piscine.
Bâtissez votre endurance graduellement.
Faites corriger votre technique.
Nagez régulièrement pour rester en forme et garder vos repères.
Portez un sifflet pour appeler à l’aide en cas de malaise.
Utilisez une bouée de sécurité: elle augmente votre visibilité et vous permet de vous reposer si nécessaire.
Apprenez à reconnaître vos limites et les signes de fatigue ou de panique.
Soyez prêt·e à ajuster ou interrompre votre nage si ça ne va pas.
Prévoyez un plan de sortie en cas d’urgence.
Les autres
Une fois votre propre capacité évaluée, il est temps de considérer les risques liés aux autres. Cette catégorie peut être divisée en deux grands groupes:
Les autres nageurs·euses qui m’accompagnent
Les autres usagers avec qui je partage mon terrain de jeu

Les autres nageurs et nageuses
Nager à plusieurs est toujours plus sécuritaire. Mais encore faut-il que celles et ceux qui vous accompagnent aient fait leur propre évaluation des risques — et soient honnêtes avec vous.
Voici quelques questions à se poser :
Est-ce que l’autre a des problèmes de santé dont je devrais être informé·e (ex. : diabète, handicap, blessure, allergies)?
Est-ce que l’autre a la capacité de faire cette nage?
La nage d’un groupe devrait toujours être adaptée à la personne la plus faible du groupe. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas accueillir ou initier de nouveaux nageurs·euses. Mais si l’un·e d’entre vous dépasse ses capacités, cela peut compromettre la sécurité de tous. Par exemple, vous pourriez devoir prolonger votre temps dans l’eau froide et vos efforts pour aider quelqu’un à revenir au point de départ. Connaître les conditions et la capacité des autres est essentiel.
Avant et pendant
Parlez-vous! Discutez ouvertement du plan de nage avant la mise à l’eau.
Soyez clairs dès le départ sur les attentes: distance, vitesse, parcours, conditions.
Soyez prêt·es à adapter les plans selon la condition physique de vos partenaires.
Ne vous mettez pas en danger pour quelqu’un qui surestime ses capacités.
Restez en groupe ou en binôme, surtout si l’un·e d’entre vous semble vulnérable.
Ralentissez ou faites demi-tour si un·e nageur·euse a de la difficulté.

Les autres usagers
Vous avez trouvé un bel endroit où nager? Vous n’êtes probablement pas les seuls à avoir repéré ce lieu d’accès — peut-être gratuit — pour atteindre l’eau. Mais qui d’autre partage ce terrain de jeu? Kayakistes, pêcheur·euses, plaisancier·ères, kitesurfeur·euses?
Croyez-moi: vous êtes très petit·e à côté d’un bateau de plaisance. Comme un piéton peut sembler minuscule à côté d’un camion sur la route.
« Je n’ai pas vu le nageur », dira le plaisancier au volant de son bateau. Et je le crois!
Plusieurs personnes ne peuvent pas imaginer qu’il soit possible de nager aux endroits où il naviguent.
Voici quelques questions à vous poser avant d’entrer dans l’eau:
Est-ce que d’autres usagers fréquentent l’endroit?
Quel est le trajet des autres usagers?
Y a-t-il une présence connue de nageurs·euses?
Est-ce que les autres usagers vont me voir?
Est-ce que certains comportements observés sur l’eau me semblent risqués?
Avant et pendant
Pour atténuer ces risques, de plus en plus de municipalités installent des corridors de nage. Ils permettent de signaler votre présence aux autres usagers. Mais attention: ce n’est pas une raison pour baisser la garde.
J’ai déjà vu un plaisancier passer directement au travers d’un corridor de nage et d’un groupe d’une dizaine de nageurs et nageuses qui portaient tous des bouées et des casques de couleurs vives. Heureusement, il allait lentement et personne n’a été blessé. Mais il ne nous avait tout simplement pas vus.
Portez un casque ou bonnet de couleur vive et une bouée de nage bien visible.
Observez l’activité autour de vous avant d’entrer à l’eau.
Renseignez-vous sur les habitudes des autres usagers (heures de fort achalandage, types d’embarcations, parcours habituels).
Gardez toujours un œil sur l’environnement : bruit de moteur, embarcations approchantes, changement soudain d’achalandage.
En présence d’un corridor de nage, restez à l’intérieur — mais ne baissez pas la garde.

L'élément
Quel privilège de vivre au Québec et de pouvoir y nager en eau libre. Les eaux de nos lacs et rivières sont, en général, pures et ne présentent aucun danger lié à la faune marine. Pas de requins, de poissons dangereux ou de méduses mortelles ici. Malgré cela, l’eau — cet élément dans lequel nous voulons nous amuser — comporte plusieurs risques qu’il faut absolument considérer.
Le plus important est de ne jamais oublier l’impermanence de l’eau. Vous pouvez nager au même endroit toute votre vie: l’eau, les conditions, ne seront jamais exactement les mêmes.
Voici quelques facteurs à évaluer avant de vous lancer :
Quelle est la température de l’eau?
Y a-t-il du courant?
Ce plan d’eau est-il soumis aux marées?
Y a-t-il des vagues?
Y a-t-il des objets flottants ou partiellement submergés?
L’eau est-elle polluée? Observe-t-on la présence d’algues bleu-vertes (cyanobactéries) ou de débris visibles? Que savons-nous de la présence de bactéries comme E. coli ou de polluants chimiques?
La température
La température de l’eau varie énormément selon la latitude et l’altitude sur la carte du Québec. Le lac Éthier près de la ville de Baie-Comeau est nettement plus au nord que le lac Memphrémagog au sud de l’Estrie. Chaque endroit où l’on peut nager au Québec offre une grande variété de climat.
Aussi, chaque personne réagit différemment à la température: vous pourriez être à l’aise sans combinaison isothermique (wetsuit) dès 17 °C, alors qu'un·e ami·e gardera la sienne tout l’été.
Mais la règle demeure la même partout: plus vous restez longtemps dans une eau froide, plus le risque d’hypothermie augmente.
L’eau froide déclenche une réaction physiologique immédiate (cold shock response) qui provoque une respiration rapide et incontrôlée. Même une fois acclimaté·e, si vous restez trop longtemps sans penser à l’équilibre entre votre dépense énergétique et votre apport nutritif, l’hypothermie peut s’installer. Et lorsqu’elle commence, la confusion s’installe, réduisant votre capacité à prendre de bonnes décisions.
Avant et pendant
Portez une combinaison isothermique pour prolonger la saison, débuter plus tôt ou pour les longues sorties en eau froide. À titre de référence, la Fédération de natation du Québec prévoit que les compétitions doivent être annulées si l’eau est à moins de 16 °C. Le port de la combinaison est obligatoire entre 16 °C et 17,9 °C, optionnel entre 18 °C et 24 °C, et interdit au-delà de 24 °C.
Apprenez à reconnaître les signes d’hypothermie: frissons incontrôlés, confusion, fatigue soudaine, perte de coordination, sensation trompeuse de chaleur.
Attention à la chaleur: une combinaison isothermique peut aussi provoquer un coup de chaleur pendant une longue sortie si l’eau est chaude et votre effort considérable..

Crédits: Nage en eau libre Québec
Courant
Il y a du courant dans le fleuve Saint-Laurent, dans les rivières et de façon moins prononcée dans les lacs mais tout de même près de l’endroit où une rivière alimente ou sort du lac. Un fort courant peut vous empêcher de nager là où vous le souhaitez, vous empêcher de revenir à votre point de départ ou simplement vous épuiser. Traverser un cours d’eau, comme le font les nageurs et nageuses de l’Ashuapmushuan, demande une bonne planification et une évaluation rigoureuse.
Avant et pendant
Prenez le temps d’observer l’eau avant d’y entrer.
Tenez compte des précipitations récentes: elles peuvent accentuer la force du courant.
Repérez des points de sortie alternatifs au cas où vous seriez emporté·e par le courant.
En commençant votre nage, tentez de nager à contre-courant pour en évaluer la force. Il est généralement recommandé de partir à contre-courant et de revenir avec le courant (et la marée) lorsque possible.
Marée
À partir de l’estuaire, le fleuve Saint-Laurent est soumis aux marées. Selon le moment de l’année, le niveau de l’eau peut monter et descendre jusqu’à quatre fois par jour, avec des variations pouvant atteindre environ quatre mètres. Pouvez-vous imaginer la puissance d’une marée descendante ? Elle peut facilement vous emporter loin du rivage, sans que vous ayez la force de revenir.
Avant et pendant
Consultez l’horaire des marées pour planifier votre sortie.
Prenez le temps d’observer l’environnement : niveau de l’eau, débit, direction.
Comprenez le fonctionnement de la marée dans la zone où vous nagez, surtout si c’est un endroit nouveau pour vous. De préférence, allez-y avec une personne qui connaît bien l’endroit.
Vagues
Les vagues peuvent être causées par plusieurs facteurs: la marée, la rencontre de deux courants, le passage (même lointain) d’un bateau ou d’un jet ski et, bien souvent, par le vent.
Avant d’entrer, observez l’eau: la direction des vagues peut être différente de celle du courant — ce sont deux phénomènes distincts.
Nager dans les vagues peut provoquer le mal de mer, désorienter, rendre la respiration plus difficile et compliquer votre progression.
Avant et pendant
Portez des bouchons d’oreilles spécialement conçus pour la natation ou en silicone: ils aident à prévenir le mal de mer en réduisant la stimulation de l’oreille interne.
Apprenez à respirer des deux côtés: cela vous permet d’adapter votre respiration à la direction des vagues et d’éviter d’avaler de l’eau.
L’utilisation d’un tuba frontal peut aider à réduire les défis reliés à la respiration et au mal de mer.
Qualité de l’eau
C’est souvent le premier commentaire des gens qui ne nagent pas en eau libre: croire que l’eau est forcément polluée et qu’elle pourrait rendre malade.
Au Québec, les lieux officiellement reconnus comme sites de baignade ont l’obligation de faire tester la qualité de l’eau et de n’ouvrir leurs installations que si les résultats respectent les normes bactériologiques en vigueur. C’est sur la base de ces tests que les plages obtiennent une cote (A, B, etc.).
De même, certains accès peuvent être fermés temporairement en raison de la présence de cyanobactéries (algues bleu-vert) .
Mais il vous arrivera aussi de vouloir nager loin des plages officielles, dans des endroits non soumis aux règlements entourant les lieux de baignade supervisés. Et c’est là tout l’attrait de la nage en eau libre: la liberté.
Heureusement, de nombreuses ressources existent pour vous informer. Nous vous encourageons à consulter ces outils pour vérifier la qualité de l’eau et repérer les sites à éviter et ceux à privilégier. Par exemple, nager en aval de champs agricoles, de zones industrielles ou très peuplées pourrait indiquer la présence de contaminants.
Avant et pendant
Observez toujours l’eau avant d’y entrer. En cas de doute, abstenez-vous.
Ne nagez pas si vous avez une plaie ouverte ou une coupure.
Douchez-vous après chaque sortie et rincez votre matériel pour éviter de propager des organismes nuisibles d’un plan d’eau à l’autre.

Crédits: Nage en eau libre Québec
Autres considérations liées à l’eau
Le cours d’eau où vous nagez peut-il transporter des débris ou des troncs morts?
Y a-t-il des plantes aquatiques abondantes (communément appelées des algues)?
Le plan d’eau contient-il des plantes envahissantes nuisibles que vous pourriez disperser sans le vouloir ?
C’est de l’eau!
Passer du temps dans l’eau peut aussi entraîner des désagréments: otite du baigneur, dermatite du baigneur, rhinite, etc. De plus en plus de nageur·euses choisissent de porter des bouchons d’oreille, des pinces-nez, ou tout autre accessoire qui les aide à mieux profiter de leur sortie.
Tous les trucs que vous trouverez sont bons, tant qu’ils vous permettent de rester confortable… et de retourner nager.

Les conditions
Après avoir réfléchi à l’état de l’eau elle-même, il faut maintenant considérer ce qui influence cette eau: les conditions météorologiques. Eh oui: plus c’est venteux, plus il y a de vagues!
Vent
Le vent a un effet direct sur la formation des vagues, mais aussi sur leur direction, ce qui peut affecter votre parcours. Nager dans des vagues est très formateur: cela oblige à améliorer sa respiration et sa navigation.
Mais il faut aussi apprendre à reconnaître l'impact du vent sur le plan d’eau. Si vous n’y prêtez pas attention dans vos autres activités, vous verrez qu’en nageant, il devient impossible de l’ignorer.
Ce qui commence par un calme plat peut rapidement changer: le vent se lève, les vagues apparaissent, et soudain la nage devient plus technique, plus exigeante.
Température extérieure
La température extérieure est à prendre en compte. Elle influence non seulement la température de l’eau, mais aussi votre confort avant, pendant et après la nage.
Si vous devez sortir de l’eau loin de votre point de départ, assurez-vous de pouvoir vous réchauffer ou vous sécher rapidement. Ayez des vêtements chauds et secs à portée de main, surtout si la température chute ou si le vent est fort.
Précipitations
S’il pleut, ce n’est pas dangereux en soi de nager sous la pluie. Par contre, au premier coup de tonnerre, vous devez immédiatement sortir de l’eau et vous mettre à l’abri, pour une durée minimale de 30 minutes. C’est ce que recommande la Société de sauvetage du Québec.
Les précipitations récentes, surtout si elles ont été abondantes, peuvent aussi affecter la qualité de l’eau. Après une grosse pluie, les terres entourant les plans d’eau se drainent: des débris, des sédiments et parfois des polluants s’écoulent vers ceux-ci
Avant et pendant
Vérifiez les conditions et prenez vos décisions en conséquence.
Prenez compte des conditions passées et futures. Il est souvent préférable d’attendre 24 à 48 heures après un fort épisode de pluie avant de retourner nager, le temps que l’eau s’éclaircisse et que le niveau de bactéries redescende.
Si la température est plus froide, assurez-vous d'avoir du linge chaud et un breuvage chaud pour la fin de l’activité.
N’hésitez pas à vous servir d'applications diverses pour mieux connaître les marées, les vagues, le vent et les prédictions météorologiques.
S'il fait chaud et ensoleillé, pensez à avoir un breuvage pour vous hydrater avant, pendant et après la nage. Même dans l’eau on peut se déshydrater suite à un effort.
N'oubliez pas votre crème solaire.

Le territoire
C’est merveilleux et précieux d’avoir accès à un lieu où l’on peut nager en eau libre. Alors que le débat sur l’accès aux plans d’eau du Québec continue de faire les manchettes, j’éprouve un malaise à l’idée qu’on se dispute l’accès à des territoires qui sont revendiqués par les Premières Nations. Mais ce n’est pas le sujet.
Évidemment, il est important de mieux comprendre nos droits et responsabilités en matière d’accès. Mais je ne m’attarderai pas ici sur la question de la propriété ou de la légitimité des revendications. Je veux plutôt parler de ce lieu lui-même, ce lieu fait d’eau, de rochers et d’arbres, de cet espace naturel dans lequel on choisit de s’immerger pour le plaisir.
Voici quelques questions à se poser:
À quel endroit puis-je donner rendez-vous à d’autres nageurs et nageuses?
Ai-je besoin d’une permission du propriétaire d’accès ou d’un gestionnaire de site?
Y a-t-il un endroit pour stationner?
Où puis-je entrer dans l’eau, et en sortir?
Est-ce que l’entrée et la sortie sont sécuritaires? Ou glissantes et difficiles d’accès?
Comment est le fond du cours d’eau? Est-il creux, peu profond, avec une pente abrupte?
Le plan d’eau comporte-t-il des îles, des baies ou des détours peu visibles où l’on pourrait se perdre?
Avant et pendant
Évaluer le terrain à l’aide de cartes, de Google Maps ou d’autres outils.
Vérifier à l’aide de ces outils les distances à parcourir.
Identifier clairement les points d’entrée et de sortie.
Repérer les alternatives possibles si les conditions changent.
Garder en tête les repères visuels observés en arrivant: ils peuvent vous aider à retrouver votre chemin en cas de doute.
La prochaine fois que vous préparez une sortie de nage, évaluez les risques en partant de vous. Puis, à la manière des ondulations dans l’eau, élargissez progressivement votre attention. D’abord vers les autres nageur·euses, puis les autres usagers, ensuite l’eau elle-même et les conditions environnantes, et enfin le territoire.
Nous espérons que vous trouverez cette approche simple et qu’elle vous aidera à structurer votre analyse des différents risques et votre réflexion, à anticiper les imprévus, et surtout, à renforcer votre autonomie et votre confiance comme nageur·euse en eau libre.
Avec un brin de préparation et les bonnes précautions, vos sorties seront non seulement plus sécuritaires, mais aussi plus sereines… et franchement plus agréables. Bonne nage!
Bibliographie
Foot, Ella. How to Wild Swim: Embrace the Freedom, Joy and Power of Swimming Outdoors. London: Welbeck Balance, 2023.
Rew, Kate. The Outdoor Swimmers’ Handbook. London: Bloomsbury Publishing, 2022.
The Outdoor Swimming Society. “Is it Safe?” Last modified July 22,
Texte : Marie-Claire Fortin, avec la participation de Louise Séguin, Annie Lévesque, Valérie Dion, Ricardo Pan Neves, Renée Verlann, Sophie Forbes, Julie Brousseau, Éléna Thibault, Sandra Beaulac, Josée Leary et Julie Fortin